La visite du président français Emmanuel Macron au Cameroun, mardi 26 juillet 2022, n’a pas connu la ferveur et le succès de celle de ses prédécesseurs. Il a tenu une conférence de presse commune à Yaoundé avec son homologue Paul Biya, 89 ans et au pouvoir depuis bientôt quarante ans. Fidèle à son habitude et dans son style caractéristique qu’il qualifie lui-même de franc et direct, il s’est exprimé sur la question de l’influence russe sur le continent et a évoqué un accord de coopération militaire entre Yaoundé et Moscou qui avait fait tiquer à Paris. Dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine et alors que Yaoundé s’est abstenu de voter les sanctions à l’ONU.
Le président Emmanuel Macron, interrogé sur les inquiétudes de l’Élysée face à l’influence russe sur le continent africain, a parlé d’une double diplomatie russe au micro de nos envoyés spéciaux. « La Russie a complété son offre diplomatique par l’intervention de milices Wagner. En particulier, ce que nous avons vu ces dernières années fleurir en République centrafricaine et au Mali, pour ne citer que deux cas, est très préoccupant, parce que ce ne sont pas des coopérations classiques ». Le président Français insiste : « À ce moment-là, c’est la Russie qui décide, par le truchement de milices, de venir en soutien soit à des pouvoirs politiques affaiblis qui décident de ne pas gérer leurs problèmes de manière politique mais de les militariser, soit à des juntes militaires qui n’ont aucune légitimité politique pour leur dire nous vous apportons sécurité et protection à vous, pas à votre peuple, à vous, en échange d’une influence russe et d’une captation des matières premières, avec souvent des exactions qui sont d’ailleurs documentées par la commission des droits de l’homme des Nations unies et toutes les missions qui s’y déploient. C’est ça ce qui se passe. »
Il a qualifié les africains d’hypocrites parce que ceux-ci souhaitent des coopérations avec d’autre pays et notamment la Russie, cette critique n’a pas été apprécié par une assistance composée en majorité de Camerounais Pour une partie de la société civile du pays, le président français est avant tout venu défendre les intérêts de Paris et éviter un rapprochement avec la Russie. Il n’a pas compris que l’évolution du monde et les partenariats avec la Chine et la Russie commandent un changement de paradigme et une nouvelle relation avec le pays de ses anciennes colonies et que cela entraînera à court ou à moyen terme une rupture. Les mentalités en Afrique sub-saharienne ont évolué et les populations aspirent à des relations plus équilibrées.
Entre amertume, déception mais aussi espoir sur les questions mémorielles, la société civile camerounaise était partagée au lendemain de la visite du président français, Emmanuel Macron. Celle-ci « ne changera rien » à la vie des Camerounais, frappés de plein fouet par la hausse des prix des denrées alimentaires et par la rareté de l’essence, elle n’aura pas non plus permis d’avancer sur les dossiers les plus douloureux : le conflit en cours depuis 2017 dans les deux régions anglophones, la répression frappant certains défenseurs des droits humains et journalistes, la libération des nombreux prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles surpeuplées du pays.
JM MVONDO