Les 5 et 19 juin prochains, les Français·es de l’étranger (FE) voteront pour élire leurs député·es, qui les représenteront pour cinq ans à l’Assemblée Nationale. En 2017, l’intégralité des onze circonscriptions des FE ont été acquises à la majorité présidentielle, avec l’élection de candidat·es de la République en Marche ou apparenté·es (UDI, MoDem). Emmanuel Macron s’est fait élire à la présidence de la république en promettant notamment de sortir de l’ « ancien monde » , pour ramener la confiance des Français·es dans la vie publique. Cette promesse contenait notamment une mesure importante : celle de s’assurer de la probité des ministres et élu·es, en acceptant le devoir d’exemplarité de la part de ces représentant·es du peuple. Lors de la présentation de son programme en 2017, il annonçait vouloir « des dirigeant·es responsables, exemplaires, et qui rendent des comptes ». Cinq ans après, le bilan ne pourrait être plus clair : ces bonnes intentions affichées n’étaient rien de plus, et les personnes à la tête de l’État sont plus que jamais engluées dans les affaires. Voter pour le candidat ou la candidate d’un parti, c’est aussi indirectement valider le système qu’iel met en place. Avec un court tour d’horizon ‐ car recenser toutes les affaires de la macronie pourrait remplir un volume entier ‐ voyons pourquoi il est aujourd’hui impensable de reconduire ce système pour cinq ans de plus. C’est-à-dire impensable d’élire des candidat·es « Ensemble ! » (la nouvelle maison commune du parti présidentiel) aux prochaines législatives.
Des affaires au plus haut de l’État
Alexis Kohler est un personnage peu connu des Français·es. Ce haut fonctionnaire est pourtant l’homme le plus puissant de l’État, à l’exception du président lui-même. Secrétaire général de l’Élysée, il est considéré comme le « jumeau » ou même le « cerveau » d’Emmanuel Macron. Pour une personne non élue qui dispose de pouvoirs aussi larges, sur qui les parlementaires ou le gouvernement ne disposent d’aucun contrôle, la question de l’exemplarité est évidemment centrale. Et pourtant, M. Kohler traîne derrière lui d’inquiétantes casseroles, qui datent de son passage en tant qu’administrateur de l’État. Il est actuellement visé par une information judiciaire suite à une plainte déposée par l’association anticorruption ANTICOR. Dans un documentaire-fleuve, les journalistes de Off Investigation reviennent sur les ramifications de cette affaire, dans laquelle le bras droit du président est soupçonné de prises illégales d’intérêt.
Il est également impossible d’oublier l’affaire Benalla, du nom de ce collaborateur proche d’Emmanuel Macron qui avait été filmé en train de frapper des manifestants en marge des manifestations du 1er mai 2018. Parler des affaires Benalla serait probablement plus juste, puisque cet évènement avait entraîné l’ouverture de sept informations judiciaires à l’encontre de plusieurs proches du président.
Un gouvernement exemplaire ?
Passons maintenant aux ministres. Au début de son quinquennat, Emmanuel Macron s’était fixé une règle : pas d’intransigeance, un·e ministre mis·e en examen ne pourrait en aucun cas rester au gouvernement. Cela avait effectivement été le cas lorsque François Bayrou, ministre de la justice l’espace de quelques semaines dans un premier gouvernement d’Édouard Philippe, avait démissionné à la suite de sa mise en examen à l’été 2017 pour abus de confiance et recel dans le cadre de l’enquête sur les assistants parlementaires du MoDem. Certes, mais il a dans un second temps été nommé Haut-Commissaire au Plan, c’est-à-dire chargé de décider des grandes orientations stratégiques du pays. Comme limogeage, on a vu plus efficace. Et la règle a encore évolué durant le quinquennat : lorsque, l’année passée, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti est mis en examen, plus question de démission. L’affaire est pourtant tout sauf anodine : il est soupçonné de prise illégale d’intérêts, en ayant cherché à user de sa position pour nuire à des magistrats avec lesquels il avait des comptes à régler suite à sa carrière d’avocat. De son côté, n’oublions pas que Gérald Darmanin a été nommé ministre de l’Intérieur alors qu’il faisait l’objet d’une information judiciaire pour viol, dont il reconnait les faits. Jean-Michel Blanquer, quant à lui, est resté ministre de l’Éducation nationale malgré l’ouverture d’une information judiciaire pour prise illégale d’intérêts, à cause de son implication dans le syndicat Avenir lycéen. Son collègue des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, est également visé par une enquête pour prise illégale d’intérêts, pour sa prise de position favorable à une entreprise d’autoroutes de laquelle il a reçu près de 8000 euros, alors qu’il était également président du conseil départemental de l’Eure. Enfin, il n’est peut-être pas un personnage de premier plan, mais le secrétaire d’État Olivier Dussopt fait l’objet d’une information du parquet national financier pour corruption et prise illégale d’intérêts, après s’être fait offert des lithographies valant plusieurs milliers d’euros par une compagnie d’eau suite à la conclusion d’un juteux contrat. Un don qu’il n’a jamais déclaré, comme le veut le code de déontologie de l’Assemblée Nationale.
L’Assemblée Nationale n’est pas en reste
Du côté des parlementaires, le bilan n’est guère plus glorieux. Le président de l’Assemblée Nationale a lui-même été mis en examen pour l’attribution de marchés publics à l’entreprise de sa compagne. Richard Ferrand a ainsi dans un premier temps démissionné de son poste de ministre à l’ouverture de l’enquête, avant d’être élu au quatrième poste de l’État, et a alors refusé de démissionner lors de sa mise en examen. Une première sous la cinquième république. Thierry Solère, député et conseiller politique du président, est mis en examen dans une douzaine d’affaires pour corruption, abus de biens sociaux, etc. Et les affaires continuent à abonder : deux nouveaux cas d’abus de biens sociaux ont été révélés dans les rangs de la majorité présidentielle ces dernières semaines (ici, et ici), mais aussi des cas de maltraitance sur leurs collaborateurs. La majorité, si prompte à défendre l’indéfendable pour protéger ses mâles, comme dans le cas de Thierry Solère, semble incapable de se mobiliser pour défendre des députées: Coralie Dubost a été poussée à quitter la politique à cause de ses notes de frais frauduleuses. Dans le même temps, Jérôme Peyrat (entre autres) a été reconduit en Dordogne, malgré sa condamnation pour violences conjugales. Il a fallu que le chef de file du parti, Stanislas Guérini, s’humilie en tentant de le défendre pour qu’il perde le soutien du parti.
Ça ne risque pas de s’arrêter
François de Rugy, Agnès Buzyn, et bien d’autres noms plus ou moins connus de la macronie ont aussi été éclaboussés par des affaires. En faire une liste exhaustive n’est pas notre but, et des journaux indépendants s’en sont chargés avec brio (chez Mediapart ou Blast, par exemple). Il est par contre important de comprendre ici le système mis en place par Emmanuel Macron, qui ne fait que saper, affaire après affaire, notre confiance dans nos dirigeant·es.
La nomination d’un nouveau gouvernement constituait peut-être une chance de changer tout cela. C’est raté, avec la reconduction des principaux ministres mis en cause, et la nomination de Damien Abad, accusé d'agressions sexuelles, ce que l’Élysée ne pouvait ignorer. Nous ne pouvons laisser ce système perdurer. Les 5 et 19 juin, nous avons l’opportunité de sortir de ce système, en votant pour des candidat·es de la Nouvelle Union Populaire, Écologique et Sociale !