Philippe Dagen, Directeur de recherches à l’INHA (Institut National d’Histoire de l’Art), spécialiste de l’histoire de l’art contemporain et actuel, par ailleurs critique d’art tenant une chronique dans Le Monde, a publié le 18 septembre 2022 un article Biennale de Lyon : la prospérité créative de Beyrouth, avant la guerre civile
La Biennale de Lyon, qu’on peut visiter jusqu’au 31 décembre 2022, par exemple lors d’un séjour en France, pendant les vacances de fin d ‘année, héberge en effet une exposition intitulée « Manifesto of Fragility – Beyrouth et les Golden Sixties ». Le critique relève l’apport des deux commissaires de cette exposition à la connaissance de tout un pan de l’histoire de l’art contemporain encore trop ignoré : « [Sam Bardaouil et Till Fellrath] participent [ainsi] à la révision de l’histoire des arts du XXe, […] en y ajoutant un chapitre nouveau ».
Sans conteste ! L’invisibilisation des contributions des artistes du Liban à l’histoire de l’art se faisant est un inacceptable angle mort de notre culture en France, pourtant saturée d’expositions. Philippe Dagen relève d’ailleurs que les mêmes commissaires ont déjà cherché à rendre plus visible la participation de l’Égypte à la modernité artistique du Proche-Orient : « Arts et Liberté. Rupture, guerre et surréalisme en Égypte (1938-1948) ». Que Dagen ne dirait-il pas s’il avait pris le temps de rencontrer les artistes égyptiens qui ont réussi à faire vivre et exposer publiquement en Egypte un surréalisme actuel, en pleines années 2021-2022 ! Critique institutionnelle de l’art actuel, il pêche par les mêmes défauts qu’il dénonce…
En fait, ce sont véritablement des pans entiers de l’histoire des arts contemporains et actuels des 49 pays de notre circonscription qu’il faudrait sortir de l’invisibilisation pour réécrire une histoire de l’art contemporain et actuel. Certes, plusieurs chapitres de cette histoire sont rendus récemment plus ou moins visibles, notamment en Afrique. Mais combien de chapitres de cette histoire restent ignorés ! La Biennale de Lyon 2022-manifesto of fragility – Beyrouth et les Golden Sixties.

Le Sang du phénix (The Blood of the Phoenix) » (1975), de Nicolas Moufarrege Pour Philippe Dagen, qui reste tout de même plutôt enfermé dans une vision simpliste de l’histoire de l’actuel Liban, le constat est amer : Beyrouth comme scène artistique mondiale est morte depuis la guerre civile, et, de plus, est quasi invisible.
« Nombre d’artistes (libanais) quittent le Liban, souvent pour la France » C’est en effet un choix terrible pour les artistes du Liban, encore aujourd’hui : partir, ou rester. Mais le problème qui immédiatement surgit est que la culture française peine à voir ce qui est visible. Quant à lui, Traits d’Union propose à ses lecteurs de dépasser, dans les 49 pays qui nous accueillent, ce constat, en y publiant librement des articles sur leurs scènes artistiques.
Le constat de ce professeur continue : « [les artistes désormais exilés] ne bénéficient pas d’une attention soutenue ».
Pour le moins ! En tout cas, il relève comme artistes ayant attiré son attention, notamment nombre d’artistes femmes, mais est-ce tant un hasard tant les dirigeants de cette société s'arqueboutent sur la perduration du patriarcat ? : l’art ne serait-il pas aussi une voie de résistance ? Juliana Seraphim, Dorothy Salhab Kazemi, Huguette Caland, Dia Al-Azzawi, et combien d’autres : l’art est en ce pays riche ! Nous renvoyons à l’article de ce critique d’art et à l’exposition elle-même.
Guy Delacourt